L'évocation des offrandes de Caïn et Abel en Genèse 4.3-4 ne précise pas explicitement pourquoi Dieu a préféré l'offrande d'Abel.
« Caïn apporta du fruit de la terre en offrande à JHVH.
Abel offrit, de plus, des premiers-nés de son troupeau, de leurs parties grasses.
JHVH prêta de l'attention à Abel et à son offrande. »
L'épître aux Hébreux considère que la foi fut déterminante.
Abel était berger et Caïn "au service de la terre".
Pourquoi Dieu préférerait-il un éleveur à un cultivateur ?
Concernant Caïn, il est écrit qu'il fit simplement une offrande de sa récolte.
Par contre Abel choisit DE PLUS les premiers-nés de son troupeau.
Abel n'a pas attendu d'avoir de nombreux animaux pour les offrir à Dieu : il a choisi les premiers, pensant d'abord à Dieu avant de songer à son élevage.
C'est notamment ainsi que l'on discerne sa foi.
Pourquoi Caïn n'a-t-il pas eu cette juste appréciation de la situation qui l'aurait conduit à offrir les prémices de sa récolte à Dieu ?
Peut-être du fait de sa naissance et de l'image de soi que sa mère lui a transmis en proclamant : « J'ai acquis un homme avec JHVH ! » (Genèse 4.1)
L'étude de ce verset de la Genèse (Un enfant avec Dieu) nous indique qu'Eve a pu vouloir donner à son premier-né la dimension d'un "demi-Dieu".
Ce premier-né n'a-t-il pas ensuite développé des prétentions, l'orgueil d'un aîné qui croit pouvoir détrôner le Père ?
De ce fait, l'hommage qu'il rend à son Créateur au travers de son offrande est médiocre, presque méprisant : loin des honneurs auxquels un Père a droit !
La foi envers Dieu est absente de cette offrande.
L'offrande des premiers-nés, dans la Bible, symbolise "la part" de Dieu.
Cette institution sera codifiée par la suite notamment au travers du rôle assigné aux Lévites : « Voici, j’ai pris les Lévites du milieu des enfants d’Israël, à la place de tous les premiers-nés, des premiers-nés des enfants d’Israël ; et les Lévites m’appartiendront. » (Nombres 3.12)
De ce fait, les Lévites n'auront pas de terre lors de la répartition entre les différentes familles car ils seront mis à part pour le service religieux.
« J’ai donné les Lévites entièrement à Aaron et à ses fils, du milieu des enfants d’Israël, pour qu’ils fassent le service des enfants d’Israël dans la tente d’assignation, pour qu’ils fassent l’expiation pour les enfants d’Israël, et pour que les enfants d’Israël ne soient frappés d’aucune plaie, en s’approchant du sanctuaire. » (Nombres 8.19)
En substituant les Lévites aux premiers-nés d’Israël, Dieu les a mis à part du reste du peuple pour réaliser les sacrifices jugés nécessaires à l'expiation des péchés.
Ce principe a fonctionné pendant plus d'un millénaire jusqu'à l'arrivée de celui qui allait se substituer à tous les premiers-nés du fait de son statut de Fils unique.
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils, l'Unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse mais qu'il ait la vie éternelle. » (Jean 3.16)
Le sacrifice de Jésus a mis un terme aux pratiques ancestrales dont la première manifestation est celle de l'offrande d'Abel.
Abel, par la foi qui l'animait, pouvait-il pressentir que son choix lui vaudrait d'être justifié ?
Peut-être ... même si les œuvres accomplies par la foi n'ont pas pour but de nous justifier.
Elles sont le fruit de l'inspiration de l'Esprit Saint qui demeure en celui qui a su lui ouvrir son cœur.
Ces œuvres sont "gratuites" au sens où leur auteur n'attend rien en retour.
Car si nous recherchons une quelconque rétribution, il ne s'agit plus du fruit de l'Esprit mais d'un calcul tout à fait "terre à terre".
C'est pourquoi il est écrit :
« Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour.
Alors votre récompense sera grande car vous serez les fils du Très-Haut ... »
(Luc 6.35)