Guérar était située en limite méridionale du territoire cananéen (Genèse 10.19).
Quand Abraham est remonté d'Egypte vers le Négueb (Genèse 13.1), il y est probablement passé.
Ultérieurement, Isaac s'y établira aussi (Genèse 26.6).
Rien ne nous dit pourquoi Abraham s'est ainsi retiré vers le sud alors que ce territoire ne semblait pas, à priori, inspiré par la connaissance de Dieu.
« Je me suis dit qu'il n'y avait aucune crainte d'Elohim en ce lieu et qu'ils me tueraient à cause de ma femme. » (verset 11)
Cependant, pouvait-il envisager qu'un seul lieu soit éclairé par la connaissance de Dieu dans ce monde où régnaient l'idolâtrie et ses croyances païennes ?
Guérar, qui signfie en hébreu "lieu de logement" était une cité qui s'est formée dans ce qui est actuellement le sud-ouest d'Israël.
Pour Abraham le nomade, le fait de s'installer à Guérar en fait effectivement un "lieu de logement".
Isaac, aura la même approche quand il décidera de s'y installer.
Tout comme son père et pour préserver sa vie, il présentera sa femme (Rebecca) comme sa sœur, porteur de la même crainte qu'Abraham quand il présenta Sarah.
Lors du déplacement en Egypte, il avait déjà dû agir de la sorte :
« Dis, s'il te plait, que tu es ma sœur. Ainsi, ils seront bon avec moi à cause de toi, et mon âme vivra grâce à toi. » (Genèse 12.13)
S'emparer d'une femme sans se soucier de son accord était donc une pratique courante à cette époque.
On peut d'ailleurs considérer que les sociétés n'ont guère évolué car le mariage forcé dans certains pays, le harcèlement où le viol dans tous les pays, sont loin d'avoir disparu.
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir reçu des enseignements à ce sujet qui prescrivent le respect des personnes.
Songeons notamment au huitème commandement :
« Tu ne commettras pas de rapt. » (Exode 20.15)
Ce verset est souvent compris dans un autre sens : "tu ne voleras pas" ou "tu ne déroberas pas".
Mais s'il s'agit de vol, celui-ci concerne le vol des individus, c'est à dire le rapt afin de réduire les personnes enlevées en esclavage.
Le vol des biens d'autrui, biens matériels ou autres, est sanctionné par le dixième commandement (Exode 20.17).
La pratique de l'esclavage sexuel était donc courante.
Abimélek aurait respecté une femme mariée ... mais pas une femme célibataire.
La femme mariée était considérée comme une propriété de son époux :
« Tu vas mourir car la femme que tu as prise appartient à son propriétaire. » (verset 3)
La réciproque était-elle vraie ?
Dans les mentalités courantes, si la femme est considérée comme une propriété de son mari, il n'en va pas de même du mari qui est loin de se considérer comme appartenant à son épouse.
Ceci lui permet, bien souvent, de se permettre des aventures qui ne sont pas tolérées pour les femmes.
Qu'en est-il de la volonté du Seigneur ?
« C'est ainsi que l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme ; et ils deviennent une seule chair. » (Genèse 2.24)
Le message initial de la Bible est clair : une seule chair.
S'ils forment une seule chair, cela signifie bien que l'homme appartient à la femme, autant que celle-ci lui appartient, pour construire ensemble un couple uni.
L'apôtre Paul a donné une autre version de cette unité :
« Ce n'est pas la femme qui dispose de son corps, mais son mari. De même, ce n'est pas le mari qui dispose de son corps, mais sa femme. » (1 Corinthiens 7.4)
Nous retrouvons ici, formulé d'une autre façon, le principe selon lequel homme et femme sont à égalité en matière de propriété corporelle.
De telles conceptions, bien sûr, échappaient totalement aux habitants de Guérar et à leur roi : Abimélek.
Mais dans la mesure où de nos jours, alors que la Bible existe, elles sont encore loin d'être comprises par une majorité d'humains, comment pourrions-nous en faire le reproche à Abimélek qui vivait il y après de 4000 ans ?