Selon les époques, ou les individus, ou les analystes, les rêves sont appréhendés de différentes façons.
Certains y voient surtout des fantaisies de l'inconscient dont il ne faut guère se préoccuper.
D'autres s'y sont tellement attachés qu'ils en ont fait leur métier, leur spécialité, avec la psychanalyse ou la psychologie analytique.
Pour le commun des mortels, le rêve sera souvent perçu comme une source d'incompréhension, et parfois d'inquiétudes, lorsque l'on croit pressentir une valeur prémonitoire.
Dans les temps anciens, cette dimension prémonitoire était l'objet de beaucoup d'attention et l'on trouvait des "spécialistes du rêve" ayant en charge de les interpréter.
Ceux-ci pouvaient alors être considérés comme des messages divins, et la Bible atteste aussi de telles croyances notamment lorsqu'il est écrit :
« Elohim parle cependant, tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, et l'on n'y prend pas garde.
Il parle par des songes, par des visions nocturnes, quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, quand ils sont endormis sur leur couche.
Alors il leur donne des avertissements ... »
(Job 33.14-16)
C'est bien ce qui s'est produit pour Abimélek.
L'avertissement est clair :
« Voici ! Tu vas mourir car la femme que tu as prise appartient à son propriétaire. »
Il est tout à fait étonnant de constater que le rêveur établit un dialogue avec Elohim au cours duquel il s'efforce de se justifier.
En retour, Elohim lui donne la marche à suivre pour échapper à la mort.
Abimélek va suivre les consignes divines après avoir essayé de comprendre pourquoi Abraham avait agit de la sorte en dissimulant que Sarah était son épouse.
Le fait que Abimélek écoute Elohim permet de le distinguer de la plupart des individus pour lesquels il est écrit :
« Elohim parle ... et l'on n'y prend pas garde. » (Job 33.14)
Celui qui est pieux, le croyant comme la croyante, est soucieux de suivre les consignes de Dieu.
Mais à vrai dire, bien peu s'en soucient, et Job avait raison de dire que l'on ne prend pas garde aux enseignements divins, que ceux-ci soient reçus de jour ... comme de nuit.
Abimélek pourrait être assimilé à ceux que l'on appela par la suite les Craignant-Dieu.
Les Craignant-Dieu étaient, pendant la période du Second Temple, des non juifs proches du judaïsme sans être pour autant convertis aux règles de la loi du judaïsme.
Signalés dans le Nouveau Testament (Évangiles, Actes des Apôtres, Épîtres de Paul), ils formaient une communauté à part, qui adhérait en partie à la Torah mais refusait certaines pratiques du judaïsme, dont la cacheroute et surtout la circoncision.
C’est notamment dans le milieu des Craignant-Dieu que s'est développé le christianisme primitif.