Il est toujours délicat de vouloir dater des textes anciens car l'on est confronté à différentes sources.
En ce qui concerne les écrits de Paul, ou Saül de Tarse, se pose aussi le problème de l'authenticité de l'auteur.
=> Les sources anciennes :
Les Pères de l'Église ont retenu treize lettres qui auraient été écrites par Paul, ou son secrétaire, et intégrées ainsi dans le canon biblique.
Pour ces textes, comme pour les autres textes, les Pères ont procédé à des analyses, des recoupements et ont aussi pris en compte la tradition orale ou d'autres écrits antiques pouvant les guider dans leur sélection.
=> Les sources modernes :
Les exégètes et historiens modernes se sont efforcés d'intégrer d'autres données ce qui a conduit à des datations diverses et à remettre en question l'authenticité de six lettres sur treize considérant celles-ci comme pseudépigraphes.
Leurs travaux se veulent être rationnels et scientifiques.
De ce fait, ils se doivent d'écarter toute interpétation qui repose sur des croyances.
Prenons l'exemple de l'Evangile selon Luc et des Actes des Apôtres, du même auteur, qu'ils considèrent avoir été rédigés vers l'an 80, c'est-à-dire après la destruction du Temple de Jérusalem du fait des Romains en 70 après J.C.
Le principal motif de cette datation des textes bibliques repose sur le fait que Jésus, dans l'Evangile selon Luc, annonce précisément la prise de Jérusalem et la dispersion des Juifs :
« Ils tomberont sous le fil de l’épée et seront emmenés en captivité dans toutes les nations. Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis. » (Luc 21.24)
Un historien ne peut pas apporter de crédit à une prophétie !
Donc, si Luc a écrit ceci, c'est nécessairement après l'an 70, parce que l'évènement s'était accompli.
En ce qui nous concerne, la dimension prophétique des enseignements de Jésus ne constituant pas un obstacle, il est tout à fait logique que nous puissions avancer que les Actes des Apôtres, et l'Evangile selon Luc, ont été rédigés vers l'an 63.
Pourquoi en l'an 63 ?
A la fin des Actes des Apôtres, l'auteur nous dit que Paul vit paisiblement à Rome :
« Il resta deux années entières dans le logement qu’il avait loué. Il recevait tous ceux qui venaient le voir.
Il proclamait le Royaume de Dieu et enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec une grande assurance et sans entraves. »
(Actes 28.30-31)
Il est important d'avoir les Actes des Apôtres comme référence préalable car la plupart des lettres de Paul s'intègrent au parcours décrit dans les Actes.
Ce parcours s'arrête à Rome, où Paul est arrivé deux ans auparavant, donc en 61, puisqu'il a loué un logement pendant deux ans.
Paul est arrivé au printemps 61 car il venait de passer trois mois à Malte où il avait échoué avec ses compagnons de voyage (Actes 28.1-11) après avoir traversé la Méditerranée d'est en ouest poussés par la tempête.
Cette mésaventure est due au fait de ne pas avoir passé l'hiver à l'abri dans un port de Crète qui ne semblait pas adapté (Actes 27.12). Ceci s'est donc produit à l'automne 60.
Car c'est en l'an 60 après J.C. que Paul a quitté Césarée pour se rendre à Rome, après sa comparution devant le nouveau gouverneur Porcius Festus (Actes 25.1).
Il est possible que cette nomination du nouveau gouverneur romain soit intervenue en l'an 59 si l'on se réfère au changement de monnayage de la province de Judée.
Passons maintenant aux treize épîtres de Paul en commençant par celle qui est considérée comme la plus ancienne ...
Il proclamait le Royaume de Dieu et enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec une grande assurance et sans entraves. »
(Actes 28.30-31)