Ce chapitre 22 du Livre de la Genèse relate un évènement déterminant dans le processus de construction des religions.
Car le sacrifice d'Isaac, demandé par Elohim, est une référence, un pilier de la foi pour le Judaïsme, le Christianisme ou l'Islam.
Les chapitres précédents ont montré à quel point Abraham pouvait bénéficier de la présence de Dieu et de son soutien parce qu'il avait su lui faire confiance dès le départ, lorsque celui-ci lui ordonna de quitter sa famille :
« Va-t'en ! De ta terre, de ta famille, de la maison de ton père, vers la terre que je te montrerai. » (Genèse 12.1)
Au cours des multiples péripéties développées dans une dizaine de chapitre, la vie d'Abraham a été présentée comme une succession d'actes de foi qui vont connaître leur apogée avec cette dernière mise à l'épreuve.
Pour le Judaïsme, une citation de Rachi résume ce moment historique de la vie d'Abraham comme suit :
"Me voici ! ... C’est ainsi que répondent les gens pieux, en signe d’humilité et pour indiquer qu’ils sont prêts." (Midrach tan‘houma Wayéra 22)
Pour les chrétiens, le sacrifice d'Isaac annonce le sacrifice ultérieur de Jésus qui dit à son Père céleste :
« Père, si tu le veux, éloigne cette coupe loin de moi ... cependant qu'il n'en soit pas selon ma volonté, mais que la tienne s'accomplisse. » (Luc 22.42)
Abraham était prêt pour l'épreuve ... Jésus le sera de même.
Cependant Jésus savait qu'il n'échapperait pas à la crucifixion alors qu'Abraham présentait que, au dernier moment, Elohim remplacerait Isaac par un animal destiné au sacrifice :
« Mon fils, Elohim saura voir lui-même l'agneau de l'offrande. » (Genèse 22.8)
Pour les musulmans, le sacrifice du fils, remplacé par un bélier, fait l'objet d'une célébration rituelle avec la fête de "l'Aïd-el-Kébir".
Elle se déroule le douzième mois du calendrier hégirien, qui est aussi le point culminant du pèlerinage à La Mecque.
Pour ceux qui n’accomplissent pas le pèlerinage, cette fête est marquée par une prière suivie du sacrifice d’un animal.
Pour ceux qui se trouvent à La Mecque, le sacrifice constitue le rite final du pèlerinage.
Précisons toutefois que dans la mesure où le Coran ne précise pas le nom du fils, les musulmans considèrent qu'il s'agissait d'Ishmaël et non d'Isaac.
Le Christianisme a transféré la mise à l'épreuve sur Jésus, fils de Dieu, l'Islam et le Judaïsme la transfèrent sur le fils d'Abraham.
Ainsi le Coran ajoute une parole du fils (Ishmaël) laissant entendre que celui-ci se serait soumis au projet de sacrifice :
"Ô mon père ! Fais ce qui t’est ordonné. Tu me trouveras patient, si Dieu le veut !" (verset 102 de la sourate XXXVII)
Et l'interprétation du Judaïsme est similaire à propos d'Isaac :
"Si le Saint béni soit-Il me disait : Offre-toi en sacrifice pour moi ! ... je le ferais sans hésiter." (Sanhèdrin 89b et Beréchith raba 55, 4)
Ainsi sur le fondement d'un texte commun, chacun apporte son interprétation au gré de convictions de foi qui ont divergé.
Cet exemple, parmi tant d'autres, illustre à quel point les religions ont pu développer des croyances et des rituels qui seront autant de sources de divisions spirituelles et de conflits.
Qui plus est, chaque individu lorsqu'il sera lui-même confronté à une mise à l'épreuve réagira différemment, au gré de ses propres convictions.
Les uns seront accablés, les autres relèveront le défi.
Certains se soumettront à la volonté divine, d'autres ne comprendront pas ce qui leur arrive :
"Seigneur, que t'ai-je fait pour être traité de la sorte ?"
Mais bien souvent, dans le monde des croyants, on cherchera si cette épreuve vient de Dieu ... ou de l'adversaire.
Et c'est logique, car Jésus lui-même a mis en garde ses disciples :
« Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment. » (Evangile selon Luc 22.31)
Quoi qu'il en soit, et quelle que soit l'origine de cette épreuve, il nous a semblé utile de nous référer à une parole de sagesse.
Celle-ci ne provient pas de la Bible, mais d'un bouddhiste japonais, fondateur du "reiki".
Sans vouloir pour autant mettre en avant cette pratique, suspectée de pouvoir conduire à des dérives sectaires, nous retiendrons cependant en conclusion cette phrase ... comme sujet de méditation :
"Dans chaque épreuve, ne cherchez pas l’ennemi, cherchez l’enseignement." (Usui Mikao)