La théophanie est un terme provenant du grec "théo", qui se traduit par « dieu », et "phan", qui signifie « apparition ».
Il s'agit donc d'une manifestation divine au cours de laquelle a lieu la révélation d'un message ou d'un avertissement destiné aux hommes.
Mais à la différence d'une Parole que l'on peut recevoir du Seigneur, la théophanie s'accompagne d'une apparition ou vision d'un phénomène que l'on considère comme réel.
La théophanie comporte un risque : celui de tomber dans l'idolâtrie !
Car s'attacher à la vision, à la matérialisation du message divin, plutôt qu'à son contenu, peut nous détourner de la foi.
« Personne n’a jamais vu Dieu » (Evangile selon Jean 1.18) ... car Dieu est Esprit !
Et le Dieu-Esprit est immatériel ... donc invisible.
Mais alors, que s'est-il passé pour Abraham et tant d'autres qui furent confrontés à une théophanie ?
Qu'en est-il par exemple de Moïse ?
« L'ange de JHVH lui apparut dans une flamme de feu, au milieu d'un buisson.
Moïse regarda ; et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait point. »
(Exode 3.2)
Est-ce Dieu ... ou seulement un ange ?
Et cet ange est-il physiquement présent ou seulement manifesté au travers d'un phénomène, une "flamme de feu" ?
A propos de Moïse, JHVH dit :
« Je lui parle bouche à bouche, je me révèle à lui sans énigmes, et il voit une représentation de JHVH. » (Nombres 12.8)
Une représentation, c'est un spectacle ... mais ce n'est pas l'incarnation du Dieu que personne ne peut voir : JHVH
Concernant Abraham, il est écrit :
« Elohim termina de parler avec lui et s'éleva au-dessus d'Abraham. » (verset 22)
Celui qui s'est manifesté aux yeux d'Abraham lors de cette théophanie, se nomme Elohim ... et non JHVH !
Pourtant Dieu est unique ... mais les textes hébreux évoquent toujours les "paniyim" de Dieu, c'est-à-dire ses faces au pluriel.
Lui-même se révèle sous différents noms :
« C'est moi, El Shadaï. » (Genèse 17.1)
Pourtant il est écrit au même verset :
« Abram était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans quand JHVH est apparu à Abram ... »
Et dans la suite du texte, il n'est plus question de JHVH ou El Shaddaï ... car c'est Elohim qui prend la parole pour s'adresser à Abram (verset 3).
Il s'agit donc bien d'une seule et même personne, du Dieu unique aux faces multiples, aux noms multiples, qui apparaît ... tout en restant invisible.
Car s'il y a une théophanie, une apparition visible, il doit surtout y avoir une révélation intérieure.
« JHVH s'adressa en ces mots à Abram au cours d'une vision et lui dit :
Tu ne dois pas être craintif, Abram, je te protège, ta récompense sera infiniment accrue. »
(Genèse 15.1)
Il est ici question d'une vision de JHVH, mais manifestement, cette vision est intérieure.
Face à la crainte que Abram peut ressentir, JHVH l'encourage, le protège de sa Parole.
C'est le Dieu-Esprit, le Dieu de l'intérieur, qui s'installe pour s'exprimer au plus profond de l'âme humaine.
Nous sommes ainsi confrontés à deux approches de la relation avec Dieu.
1. La relation intérieure qui s'effectue au contact direct de JHVH, le Dieu invisible et immatériel dont le Nom ne peut être prononcé car l'âme n'a pas besoin de parler quand la prière est intérieure.
2. La relation externe au travers de multiples théophanies, certes très exhaltantes "J'ai vu Dieu !" ... mais dangereuses si l'on tombe dans le penchant de l'idolâtrie.
Il appartient bien sûr au Seigneur tout puissant de savoir comment Il doit se révéler à chacun d'entre nous ... au gré de notre foi.
Si nous sommes convaincus de ce qui est écrit à propos de la foi ...
« La foi est la garantie des biens que l'on espère, la démonstration des réalités invisibles. » (Hébreux 11.1)
... notre relation par la foi avec le Dieu-Esprit nous suffira, nous n'aurons pas besoin de "voir" mais seulement de "croire", et nous marcherons par la foi avec ou sans théophanies.
Pour conclure sur ce thème, nous rappellerons qu'il fut un temps où l'homme comme la femme ont vécu une relation intime avec Dieu qui leur permettait de "vivre à nu" face à Dieu, corps et âme.
A cette époque, dans le jardin d'Eden, Dieu ne s'appelait pas Elohim, JHVH, El Shadaï ou Adonaï ...
Il portait un Nom unique associant « JHVH Elohim » en hébreu ... de Genèse 2.4 à 3.23.
C’est le temps de l'unité entre Dieu et l'humanité, entre le Dieu-Esprit que l'on ressent à l'intérieur comme à l'extérieur par Sa présence.
Un temps béni, un temps révolu ... dont nous espérons la renaissance.
Le Dieu intérieur s'affichera alors sur notre face par son Nom ... et nous verrons la face de JHVH :
« Et ils verront Son visage et Son nom sur leurs fronts. » (Apocalypse 22.4)