L'intolérance est un manque de respect envers des pratiques ou des croyances autres que les nôtres.
Paul, ou Saül de Tarse, en était profondément imprégné dans sa jeunesse ...
« Saül ne respirait encore que la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur. Il se rendit chez le grand-prêtre.
Il lui demanda des lettres à l'attention des synagogues de Damas. Ainsi, s’il trouvait quelques adeptes de la Voie, hommes ou femmes, il les amènerait enchaînés à Jérusalem. » (Actes 9.1-2)
Pour arriver à ses fins, il était prêt à user de toutes formes de violences.
D'ailleurs, quand Etienne fut lapidé à mort, « Saul avait approuvé sa suppression. » (Actes 8.1)
Devenu disciple du Christ, Paul s'est calmé.
Cependant, il n'hésite pas quand cela lui semble nécessaire à user de menaces :
« Certains se sont vantés comme si je ne devais pas revenir chez vous.
Mais je viendrai sans tarder chez vous si le Seigneur le veut, et je prendrai connaissance non de la parole des vantards, mais de leur puissance.
Car le Royaume de Dieu n'est pas fait de mots mais de puissance.
Que voulez-vous donc ? Que je vienne chez vous avec un bâton, ou avec amour dans un esprit de douceur ? » (1 Corinthiens 4.18-21)
Les deux épîtres aux Corinthiens révèlent de multiples tensions au sein de cette communauté qu'il a bien connue.
La sévérité de Paul est peut-être l'expression de son affliction consécutive aux mauvaises nouvelles qu'il a reçues sur l'évolution de cette Eglise.
Il souhaite s'y rendre de nouveau :
« Je l'ai déjà dit lors de ma deuxième visite, et maintenant que je suis absent je préviens ceux qui ont péché antérieurement et tous les autres : si je reviens, je ne ménagerai personne. » (2 Corinthiens 13.2)
Se considérant dépositaire de la Vérité, Paul exprime de l'intransigeance quand il rejette toute forme de contestation :
« Si quelqu'un estime encore le contester, ce n'est pas dans nos habitudes, ni dans celles des Eglises de Dieu. » (1 Corinthiens 11.16)
Il fait preuve de rigidité quand il proclame :
« Si quelqu’un enseigne autre chose, et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus Christ, il n'est pas en conformité avec la pieuse doctrine. » (1 Timothée 6.3)
Nous trouvons par ailleurs des propos similaires :
« Si quelqu’un pense être prophète ou inspiré par l'Esprit, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur.
Et si quelqu’un l’ignore, qu’il soit ignoré. » (1 Corinthiens 14.37-38)
Nous sommes loin de l'ouverture d'esprit qu'il affiche d'autre part quand il dit :
« Aussi, recherchons ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle. » (Romains 14.19)
Car sa conception de l'édification spirituelle se fonde sur une autorité qu'il considère comme une délégation de pouvoir venant du Seigneur :
« Nous sommes décidés à punir toute désobéissance, lorsque votre obéissance sera complète.
Regardez les choses en face ! Si quelqu’un est persuadé d'appartenir au Christ, qu’il se le dise bien en lui-même : s'il est au Christ, nous aussi !
Et même si je fais un peu trop valoir l'autorité que nous a donnée le Seigneur pour votre édification, et non pour votre ruine, je n'en rougirai pas. » (2 Corinthiens 10.6-8)
2. La mise à l'écart.
Quelle attitude adopter face à un frère ou une sœur qui affiche une inconduite notoire ?
Voyons ce que Paul recommande :
« Nous vous recommandons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, de vous tenir à distance de tout frère vivant dans le désordre, sans respecter les instructions reçues de nous. » (2 Thessaloniciens 3.6)
Le manque de précision laisse entendre que ces dérives se mesurent par rapport aux seules directives de Paul.
Mais il nous fournit aussi un exemple précis :
« Bref, on entend parler d'inconduite parmi vous, et d'une telle inconduite qu'on ne la trouve pas même parmi les païens, puisqu'il s'agit de quelqu'un qui a des relations avec la femme de son père.
Et vous faites encore les fiers ! Que n'avez-vous plutôt pris le deuil afin que celui qui a commis ces actes soit ôté du milieu de vous ?
Car pour ma part, absent de corps mais présent d'esprit, j'ai déjà jugé celui qui agit de la sorte comme si j'étais présent.
Au nom de notre Seigneur Jésus, lorsque vous serez assemblés, je serai spirituellement avec vous, ainsi que la puissance de notre Seigneur Jésus.
Qu'un tel homme soit livré à Satan pour l'anéantissement de la chair, afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur. » (1 Corinthiens 5.1-5)
La mise à l'écart consisterait ici à laisser l'individu aux prises avec sa propre inconduite, sous l'inspiration de Satan, dans l'espérance d'un repentir salutaire permettant de le sauver.
Il est possible que ce soit ce même individu dont il est question par la suite :
« Pour un tel individu, il suffit du blâme infligé par le plus grand nombre.
De sorte que, au contraire, vous devez plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par un plus grand chagrin.
C'est pourquoi je vous exhorte à faire preuve d'amour envers lui.
Car c'est aussi pour cela que je vous ai écrit : pour savoir, en vous mettant à l’épreuve, si vous êtes obéissants en tout.
A qui vous pardonnez, je pardonne aussi. Car ce que j’ai pardonné, si j’ai pardonné quelque chose, c’est à cause de vous, sous le regard du Christ.
Ainsi, ne soyons pas dupes de Satan, car nous n’ignorons pas ses intentions. » (2 Corinthiens 2.6-11)
Il apparaît ainsi que la sanction a été profitable et Paul préconise alors la réintégration.
Cette forme de mise à l'écart entre les mains de Satan est aussi mentionnée en 1 Timothée 1.19-20 :
« Garde la foi et une bonne conscience ! Certains l'ont rejetée et leur foi a fait naufrage.
Parmi eux se trouvent Hyménée et Alexandre. Je les ai livrés à Satan, afin qu'ils apprennent à ne plus blasphémer. »
La mise à l'écart d'un membre de l'Eglise ne veut pas dire pour autant que l'on doive se couper de ce monde où règne le mal :
« Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas fréquenter les débauchés.
Il ne s'agit pas, d’une façon générale, des débauchés de ce monde, ou de ceux qui sont cupides, voleurs ou idolâtres, parce qu'il vous faudrait sortir de ce monde.
Non, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas fréquenter quelqu’un qui, même s'il se nomme "frère", est débauché, cupide, idolâtre, grossier, ivrogne, ou voleur, de ne pas même manger avec un tel homme.
En effet, est-ce à moi de juger ceux du dehors ? N’est-ce pas ceux du dedans que vous avez à juger ?
Ceux du dehors, Dieu les jugera. Mais : Otez le méchant du milieu de vous ! » (1 Corinthiens 5.9-13)
S'il fallait se couper du monde, qu'adviendrait-il de l'évangélisation ?
3. Anathème et exclusion.
La notion d'anathème est diversement conçue selon les époques et les cultures.
Dans l'Ancien Testament, au temps de Josué, lors de l'entrée en Canaan, l'anathème est associé à une destruction des idolâtres (Deutéronome 7.2).
Chez les Grecs et les Romains, l'anathème désigne une offrande ou un sacrifice aux Dieux.
Dans l'Eglise, sur le fondement des directives de Paul, l'anathème est devenu une exclusion ou excommunication.
Paul énonce différents cas de figure.
1. Est anathème celui qui déforme l'Evangile :
« Mais si nous-mêmes, ou un ange du ciel, annonçait un évangile à l'encontre de celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème !
Comme nous l'avons déjà dit, et je le répète encore : si quelqu’un vous annonce un évangile allant contre celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! » (Galates 1.8-9)
2. L'hérétique est anathème ... et de nombreux hérétiques finirent sur un bucher :
« Ecarte celui qui est hérétique, après un premier puis un second avertissement.
Tu sais qu'un tel individu est dévoyé, il pèche et se condamne lui-même. » (Tite 3.10-11)
3. Qui n'aime pas Dieu se place lui-même en situation d'anathème :
« Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur, qu’il soit anathème ! Maranatha ! » (1 Corinthiens 16.22)
Dans ces différentes situations, il ne s'agit plus d'une mise à l'écart provisoire dans l'espoir d'un repentir mais d'une exclusion qui semble définitive.
Reste à savoir s'il incombe aux hommes ou à Dieu de prononcer une telle exclusion.
4. Le jugement de Dieu.
Car Paul lui-même a tenu dans une autre épître à citer Deutéronome 32.35 :
« Mes biens-aimés, ne vous vengez pas vous-mêmes, mais lâchez prise à la colère, comme il est écrit :
"A moi la vengeance, c'est moi qui rétribuerai" dit le Seigneur. » (Romains 12.19)
Aussi, plutôt que de prononcer des exclusions et autres malédictions, n'est-il pas préférable de s'en remettre au Seigneur ?
« Moi, j'ai confiance dans le Seigneur : pour vous il n'y aura pas d'autre position. Celui qui jette le trouble parmi vous en subira la condamnation, quel qu'il soit ! » (Galates 5.10)
C'est à Lui, en effet, qu'il incombe de nous juger selon nos œuvres.
« Alexandre, le fondeur, a bien mal agi à mon égard. Le Seigneur lui rendra selon ses œuvres.
Toi aussi, prends garde à lui, car il s'est vigoureusement opposé à nos paroles. » (2 Timothée 4.14-15)
Dieu seul sait qui sera digne d'entrer dans Son Royaume, même s'il peut être tentant, comme le fait Paul, de dresser une liste qui élimine beaucoup de monde ...
« Ne savez-vous donc pas que les injustes n’hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! Ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les pédérastes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les voleurs, n’hériteront du Royaume de Dieu. » (1 Corinthiens 6.9-10)