Evangile de Jésus Christ

Le pouvoir




La notion de pouvoir ne peut se résumer par une simple définition car les facettes de l'exercice du pouvoir sont multiples.

Il peut être économique, financier, juridique, politique, démocratique ou dictatorial, exercé au niveau de la société, de l'entreprise, de la famille ...

Les Evangiles n'ont pas abordé tous ces domaines et c'est plutôt sous l'angle du pouvoir de séduction en vue d'une domination qu'il est présenté.

1. La société du spectacle.

1.1. Etre ou paraître ?

Le monde animal est guidé par l'instinct qui se manifeste de plusieurs façons.

On en dénombre cinq avec l'instinct de survie, l'instinct de groupe, l'instinct d'expression, l'instinct sexuel ou créateur et l'instinct de la soif du pouvoir.

Ce dernier est particulièrement flagrant chez l'humain qui exprime ainsi son animalité quand il ne suffit pas de pouvoir ... mais d'avoir soif de pouvoir.

Pour aboutir à ses fins, l'esprit animé par les désirs de la chair peut utiliser tous les moyens qui lui semblent bons.

Peu importe alors la moralité, la soif de pouvoir va transformer l'être afin de paraître, de se donner en spectacle afin de mieux capter l'attention et séduire.

Les frères de Jésus ont réagi suivant les valeurs de ce monde quand ils Lui ont dit :

« Pars d’ici et va en Judée, afin que tes disciples voient aussi les œuvres que tu fais.

Car personne n’agit en secret. On cherche à paraître en public. Si tu accomplis ces œuvres, montre-toi toi-même au monde. » (Jean 7.3-4)

Jésus leur a répondu :

« Le monde ne peut vous haïr. Moi, par contre, il me hait, parce que je témoige que ses œuvres sont mauvaises. » (Jean 7.7)

Un bon politicien doit savoir paraître en public et savoir manipuler pour être aimé.

Mais s'il révèle les travers de tout le monde, comme le faisait Jésus, qui pourrait l'aimer ?

Aussi Jésus a mis en garde Ses disciples contre ceux qui cachent ce qu'ils sont pour mieux paraître aux yeux du monde ...

« Les scribes et les Pharisiens se sont assis dans la chaire de Moïse.

Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent, mais n’agissez pas comme eux. Car ils ne font pas ce qu'ils disent.

Ils lient de pesants fardeaux pour les mettre sur les épaules des hommes, mais eux ne veulent pas les remuer du doigt.

Toutes leurs œuvres visent à être regardés par les hommes. » (Matthieu 23.2-5 - Marc 12.38-39 - Luc 20.46-47)


1.2. L'origine du pouvoir.

Le comportement de tels individus n'est manifestement pas inspiré par l'Esprit Saint mais par un esprit malfaisant qui s'est efforcé de séduire Jésus comme il s'emploie à séduire le commun des mortels :

« De nouveau, le diable L'emmena sur une très haute montagne et Lui montra tous les royaumes du monde avec leur gloire. Et il Lui dit :

Toutes ces choses je te les donnerai si tu tombes pour te prosterner devant moi. » (Matthieu 4.8-9 et Luc 4.5-7)

Mais Jésus n'était pas le commun des mortels et le diable ne pouvait qu'échouer dans sa tentative.

On considère souvent que c'est la soif de pouvoir qui a conduit le diable à entrer en conflit avec Dieu pour dominer l'univers.

Cette approche repose sur une allégorie évoquant le roi de Babylone :

« Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, Toi, le vainqueur des nations !

Tu disais en ton cœur : "Je monterai au ciel, J'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; Je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, A l'extrémité du septentrion ; Je monterai sur le sommet des nues, Je serai semblable au Très-Haut."

Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse. » (Ésaïe 14.13-15)

Toute l'existence du diable est ainsi retracée ... jusqu'à son anéantissement qui reste à venir.

Mais dans l'immédiat, le diable se croit encore investi d'une puissance illimitée ... ou s'efforce de le faire croire :

« Je te donnerai une totale domination et la gloire sur tout ceci. Car c'est à moi qu'elle a été remise et je la donne à qui je veux. » (Luc 4.6)

Car le père du mensonge sait aussi utiliser de faux arguments pour mieux convaincre.

Mais Jésus peut lui répondre, comme Il le fit avec Pilate :

« Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi s'il ne t'avait été donné d'en haut. » (Jean 19.11)

L'essence du pouvoir vient du Créateur puisqu'il est Créateur de toutes choses.

Son existence, l'usage que l'on en fait, dépend du dépositaire de ce pouvoir suivant son libre arbitre.

La volonté de Dieu étant le bien-être des créatures dans un sens altruiste, il en résulte que l'usage du pouvoir fondé sur tout autre objectif relève d'un détournement de pouvoir.

2. Le bon choix.

2.1. Le pouvoir ou la gloire.

Beaucoup parmi les contemporains de Jésus auraient pu Le suivre, mais confrontés au pouvoir religieux et notamment aux Pharisiens, Jésus nous dit que beaucoup n'osèrent s'engager :

« Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu. » (Jean 12.43)

Au lieu de choisir le Royaume de Dieu, ils se sont inclinés devant les puissants de ce monde.

Quant à Jésus, quand on Lui demanda s'Il était le roi des Juifs, sa réponse fut celle-ci :

« Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu afin que je ne sois pas livré aux Juifs. Pour l'instant, mon royaume n’est pas ici. » (Jean 18.36)

Jésus ne pouvait être un roi des Juifs à l'image d'Hérode et de tous ceux qui se sont élevés dans l'injustice.

La royauté envisagée par Jésus, « pour l'instant », n'avait pas sa place dans un monde au service de l'adversaire.

Le temps viendra de Son retour où Il exercera le pouvoir pour la gloire de Dieu ... et non pour la gloire des hommes assujettis au diable.

Mais en attendant Son retour, Il nous a laissé cette consigne :

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

Quiconque s’élèvera sera humilié, et quiconque s’humiliera sera élevé. » (Matthieu 23.11-12)


2.2. Qui est le plus grand ?

« A ce moment, les disciples s’approchèrent de Jésus en disant :

Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux ? » (Matthieu 18.1 - Marc 9.34 - Luc 9.46)

L'ambition semblait perturber la communauté des disciples.

Aussi Jésus s'est efforcé de les calmer en leur répondant :

« Celui qui veut être le premier, sera le dernier de tous, et leur serviteur. » (Marc 9.35)

Vu sous cet angle, les plus ambitieux seraient vite découragés car le propre de l'ambitieux c'est de vouloir dominer ... et non de servir.

Pourtant cette question fut encore posée une autre fois mais dans des termes différents :

« Accorde-nous d’être assis, dans Ta gloire, l’un à Ta droite et l’autre à Ta gauche. » (Matthieu 20.20-21 - Marc 10.35 - Luc 22.24 - Jean 13.16)

Jésus a donné une réponse similaire à la précédente tout en les invitant à ne pas imiter les puissants de ce monde :

« Vous savez que les chefs des nations font peser leur domination, et que les grands exercent leur autorité sur elles.

Il n’en sera pas ainsi parmi vous, car quiconque veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. » (Matthieu 20.25-26 - Marc 10.42-43 - Luc 22.25-26)

Jésus a précisé ensuite :

« Et celui qui veut être le premier parmi vous sera votre esclave.

De même le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup. » (Matthieu 20.27-28 - Marc 10.44-45)

Et ce commentaire figure chez Jean :

« Oui, à vrai dire, l'esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. » (Jean 13.16)

Cette précision recadre la question initiale :

« Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux ? » (Matthieu 18.1 - Marc 9.34 - Luc 9.46)

Car le Royaume des cieux doit-il être conçu sur terre, au ciel, ou dans les deux si l'on considère que l'Eglise allait représenter le Royaume des cieux sur terre ?

Si l'on se réfère au commentaire de Jean, il apparaît que le Fils de l'homme est cet esclave envoyé sur terre par le Père pour être sacrifié.

Mais Il n'est pas pour autant plus grand que le Père car Son humilité Lui interdit de se placer au-dessus du Très-Haut.

Les enseignements de Jésus sur le pouvoir sont de belles leçons d'humilité et de modestie.

Quel dommage que ces enseignements se soient heurtés à la nature humaine, charnelle, ambitieuse, au sein même du Royaume des cieux sur terre : l'Eglise !

Car s'il n'y avait pas eu tant de querelles entre les fractions rivales, l'Eglise unie de Dieu aurait permis au Seigneur de trouver sur terre, lors de Son retour, un édifice attractif sans rapport avec la domination exercée par le pouvoir des hommes.

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Récapitulatif

des versets cités

dans leurs contextes

1 ... Jean 7.1-9

2 ... Matthieu 23.1-12

3 ... Marc 12.38-40

4 ... Luc 20.45-47

5 ... Matthieu 4.1-11

6 ... Luc 4.1-13

7 ... Jean 19.1-16

8 ... Jean 12.37-50

9 ... Jean 18.28-38

10 ... Matthieu 18.1-5

11 ... Marc 9.33-37

12 ... Luc 9.46-48

13 ... Matthieu 20.20-28

14 ... Marc 10.35-45

15 ... Luc 22.24-30

16 ... Jean 13.4-17