Les Evangiles se réfèrent souvent à l'Ancien Testament, notamment à la loi de Moïse, aux prophètes et aux Psaumes.
Ce que les évangélistes nous ont légué est loin de recouvrir l'ensemble de ces références mais nous pouvons penser que celles qu'ils ont retenu sont les plus significatives.
Elles contribuent aussi à notre édification spirituelle.
1. L'héritage du judaïsme.
1.1. L'ascendance de Jésus.
L'Evangile selon Matthieu commence ainsi :
« Livre de la genèse de Jésus Christ fils de David, fils d'Abraham. » (Matthieu 1.1)
Nous pouvons lire ensuite l'énumération de 42 générations depuis Abraham jusqu'à Jésus, en passant par David.
Chez Luc, la généalogie de Jésus est différente :
« Jésus avait environ trente ans au commencement. Il était fils, croyait-on, de Joseph, fils d'Héli. » (Luc 3.23)
Matthieu était juif, et on considère qu'il s'adresse en priorité à des Juifs.
De ce fait il est fondamental qu'il se soit efforcé de rattacher sa généalogie à l'Ancien Testament en partant d'Abraham, père de la circoncision, et en passant par David.
Luc, par contre tient un tout autre discours. Il considère que les généalogies relèvent de croyances qui n'ont rien de vérités absolues : « Il était fils, croyait-on, de Joseph, fils d'Héli. »
Luc a suivi Paul dans sa mission apostolique, et Paul a notamment recommandé :
« Evite les recherches insensées sur les généalogies, les polémiques et controverses relatives à la loi, car elles sont inutiles et vaines. » (Tite 3.9)
De plus, Luc ne considère pas Jésus seulement comme un Juif descendant d'Abraham, mais comme un homme émanant de Dieu, dans le prolongement de la Création :
« ... Fils d'Enos, par Seth, par Adam, par Dieu. » (Luc 3.38)
Luc vise l'ensemble de l'humanité, et le fait que l'on compte 77 générations dans sa généalogie est hautement symbolique car le 7 est le chiffre de la Création.
1.2. La vie au temps de Jésus.
L'héritage du judaïsme imprégnait profondément la société juive et les contemporains de Jésus vivaient au rythme des traditions ancestrales.
Ils se considéraient comme descendants d'Abraham et Jésus ne les a pas contredits sur ce point ...
« Je sais que vous êtes les descendants d'Abraham ... » (Jean 8.37)
Abraham étant considéré comme juste, les Juifs pensaient le rejoindre après leur mort comme nous l'indique la parabole du riche et du pauvre Lazare :
« Le pauvre finit par mourir et fut emporté par les anges auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi et fut mis au tombeau. » (Luc 16.22)
Le lieu de repos des justes s'appelait "le sein d'Abraham" alors que le Shéol attendait les autres.
Mais Jésus a élargi cette conception quand il se rendit chez Zachée ... un pécheur selon les Juifs !
« Aujourd'hui, le salut est venu sur cette maison, parce que lui aussi est un fils d'Abraham. » (Luc 19.9)
Attachés aux traditions, ils avaient identifié des lieux comme étant ceux dont on parle dans les textes anciens :
« Il arriva ainsi dans une ville de Samarie, nommée Sychar, près du terrain que Jacob donna à son fils Joseph.
Là se trouvait le puits de Jacob. »
(Jean 4.5-6)
Ce passage fait référence au Livre de la Genèse (versets 33.19 & 48.22).
Ils respectaient les coutumes, comme la fête des Tentes :
« La fête des Juifs, la fête des Tentes, était proche. » (Jean 7.2)
Jésus respectait ce rythme de vie puisqu'Il s'est rendu à cette fête.
Et quand Il nous parle du pain de vie, Ses interlocuteurs se réfèrent à la manne qui tombait du ciel dans le désert ...
« Nos pères ont mangé la manne dans le désert ainsi qu'il est écrit :
Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
(Jean 6.31)
Cet évènement est relaté en Exode 16.15 et Esaïe 54.13.
Car s'ils se considéraient comme descendants d'Abraham, ils étaient surtout disciples de Moïse :
« Mais nous, nous sommes disciples de Moïse. » (Jean 9.28)
Ils croyaient à la venue d'un Messie et se référaient aux Ecritures pour s'opposer à Jésus qui venait de Galilée :
« L’Ecriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David, et de Bethléhem, village de David, que le Christ doit venir ? » (Jean 7.42)
Quoi qu'il en soit, comme le professe Zacharie dans son cantique, ils croyaient à l'accomplissement des prophéties :
« Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, parce qu'Il a visité et racheté Son peuple.
Il nous a suscité une force de salut, dans la maison de David, Son serviteur.
C'est ce qu'Il annonça depuis toujours par la bouche des saints, Ses prophètes. »
(Luc 1.68-70)
Ces prophéties, et les autres textes de l'Ancien Testament, formaient le cadre historique de référence sur lequel Jésus s'appuie dans Ses prédications :
« En effet, de même que Jonas passa trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson, le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre.
Les hommes de Ninive se lèveront pour le jugement avec cette génération et la condamneront parce qu'ils se sont convertis lors de la proclamation de Jonas, or il y a ici plus que Jonas.
La reine du Midi se lèvera lors du jugement avec cette génération et elle la condamnera car elle est venue des confins de la terre écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon. »
(Matthieu 12.40-42 et Luc 11.30-32)
Cependant, bien qu'ils prétendent aligner leur vies sur les prescriptions de l'Ancien Testament, le comportement hypocrite des dirigeants religieux a conduit Jésus à les dénoncer notamment en Matthieu 23.13-36 et Luc 11.42-54.
1.3. La Torah.
La Torah, ou Pentateuque, comprenant les cinq premiers livres de l'Ancien Testament, forme le socle du judaïsme.
Les Evangiles évoquent des passages, ou citent des versets, que l'on retrouve dans ces cinq livres.
Ainsi, quand des Pharisiens sont venus voir Jésus à propos du divorce en se référant à la loi de Moïse (Deutéronome 24.1-3), Jésus leur a répondu ...
« Ne savez-vous pas que le créateur à l'origine les fit mâle et femelle.
C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux ne seront qu'une seule chair. »
(Matthieu 4-5 et Marc 10.6-8)
... Il citait à la fois Genèse 1.27 et Genèse 2.24.
Par la suite, Jésus a mis en garde Ses contemporains en évoquant un célèbre passage de la Genèse : le Déluge !
« En effet, l’avènement du Fils de l’homme rappellera les temps de Noé.
Car aux jours qui précédèrent le déluge, on se régalait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. »
(Matthieu 24.37-38 et Luc 17.27-37)
Puis Jésus passe à un autre épisode de la Genèse :
« Il se produisit de même au temps de Lot. On mangeait, on buvait, on achetait et vendait, on plantait et on bâtissait.
Le jour où Lot sortit de Sodome, une pluie de feu et de soufre venue du ciel les fit tous périr. »
(Luc 17.28-29)
Lorsqu'il y eut une discussion sur la question de la résurrection, Jésus s'est référé à un autre passage de la Torah : Exode 3.6.
« Concernant la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit :
"Moi, Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob" ? Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ! »
(Matthieu 22.31-32 - Marc 12.26 - Luc 20.37)
Dans l'Evangile selon Jean, nous trouvons un commentaire qui associe le sacrifice de Jésus à celui de la Pâque :
« Ces choses sont arrivées afin que l’Ecriture soit accomplie :
Aucun de ses os ne sera brisé. »
(Jean 19.36)
Le rituel de la Pâque est mentionné en des termes similaires à la fois en Exode 12.46 et Nombres 9.12.
Confronté aux scribes et Pharisiens qui reprochaient à Jésus le fait que Ses disciples ne respectent pas certaines traditions du judaïsme, Jésus leur a opposé les principes mêmes de la Torah que l'on trouve en Exode 20.12, Exode 21.17 et Deutéronome 5.16 :
« Pourquoi vous aussi transgressez-vous le commandement de Dieu à cause de votre tradition ?
Car Dieu a dit : "Honore ton père et ta mère et : "Que meure celui qui maudit père ou mère". »
(Matthieu 15.3-4 et Marc 7.9-10)
Très attaché aux commandements fondamentaux, Jésus a aussi rappelé celui-ci avant de le commenter :
« Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : "Tu ne tueras point". Celui qui tue sera passible du tribunal. » (Matthieu 5.21)
Il citait ainsi Exode 20.13 et Deutéronome 5.17 et Il va ensuite citer Exode 20.14 et Deutéronome 5.18 :
« Vous avez entendu qu’il a été dit : "Tu ne commettras pas d’adultère". » (Matthieu 5.27)
Jésus ne s'est pas limité aux trois premiers livres de la Torah, Il connaissait aussi le Lévitique avec ce célèbre commandement :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Matthieu 22.39 - Marc 12.31 - Luc 10.27) & (Lévitique 19.18)
Et lorsque Jésus dit :
« Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l'homme soit élevé. » (Jean 3.14)
... Il se réfère à cet épisode où les Hébreux furent assaillis par les serpents dans le désert. Le Seigneur dit alors à Moïse :
« Fais faire un serpent brûlant et fixe-le à une hampe : quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. » (Nombres 21.8)
Jésus connaissait la Torah comme l'ensemble des saintes Ecritures, et cela Lui permettra d'affronter brillamment le diable dans une joute verbale où Il citera successivement Deutéronome 8.3, Deutéronome 6.16 et enfin Deutéronome 6.13-14 :
« Il a été écrit : "L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu.
Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu.
Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et à Lui seul tu rendras un culte. »
(Matthieu 4.1-10 et Luc 4.4-12)
1.4. L'Ancient Testament témoigne de Jésus.
De nombreux passages de l'Ancien Testament ont été analysés par les Pères de l'Eglise et mis en rapport avec l'incarnation du Messie.
Et les Evangiles attestent pour leur part que les textes de l'Ancien Testament témoignent de Jésus notamment quand Il dit à Ses détracteurs :
« Vous sondez les Ecritures, parce que vous pensez avoir la vie éternelle par elles. Ce sont elles qui rendent témoignage de moi. » (Jean 5.39)
Ceux-ci ne croyaient pas qu'il en soit ainsi, et même Ses disciples n'avaient pas conscience que les Ecritures avaient révélé ce qui allait se passer.
Aussi dit-Il aux Douze :
« Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes à propos du Fils de l’homme s’accomplira.
Car il sera livré aux païens et sera ridiculisé, insulté et couvert de crachats.
Et, après l’avoir flagellé, ils le mettront à mort. Puis, au troisième jour, il se relèvera.
Mais eux ne comprirent rien à cela car cette parole leur demeurait cachée et ils ne savaient pas de quoi il s'agissait. »
(Luc 18.31-34)
Les textes anciens portent témoignage de la vie de Jésus du début jusqu'à la fin, incluant même la trahison de Judas :
« Quand j'étais parmi eux, je les gardais en Ton nom que Tu m'as donné. J'ai veillé, et aucun d'entre eux ne fut perdu sauf le fils de la perdition, afin que l'Ecriture soit accomplie. » (Jean 17-12)
2. Prophètes et prophéties.
2.1. Ésaïe, le cinquième évangéliste.
C'est à la fois par la précision de ses prophéties relatives à la venue du Messie et par le nombre de références à Ésaïe dans les Evangiles que ce prophète mérite le qualificatif de "cinquième évangéliste".
Ésaïe a d'abord annoncé dans quelles conditions Jésus allait s'incarner :
« Voici la vierge aura un fils dans son ventre et enfantera, et ils l'appelleront du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous. » (Matthieu 1.23) (Ésaïe 7.14 & 8.8-10)
Ésaïe a ensuite prophétisé que Jésus, né à Bethléem, passerait Sa jeunesse en Galilée :
« Il vint habiter dans la ville appelée Nazaret, pour que soit accompli ce que les prophètes ont dit :
Il sera appelé Nazôréen. »
(Matthieu 2.23) (Ésaïe 11.1 & 53.2)
C'est encore Ésaïe qui a prophétisé la venue préalable de Jean le baptiste au sujet duquel il est écrit :
« Une voix proclame dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez ses sentiers droits. » (Matthieu 3.3 - Marc 1.2-3 - Luc 3.4-6 - Jean 1.23) (Ésaïe 40.3)
En retour, il était logique que Jésus se réfère à Ésaïe en lisant ce texte dans la synagogue de Nazareth :
« L'Esprit du Seigneur est sur moi, car Il m'a donné l'onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé proclamer la libération aux captifs, le retour à la vue aux aveugles et rendre la liberté aux opprimés.
Pour proclamer une année de bienveillance du Seigneur. »
(Luc 4.18-19) (Ésaïe 60.1-2)
Jésus a quitté Nazareth pour habiter à Capharnaüm, dans les territoires de Zabulon et de Nephthali, conformément aux paroles d'Ésaïe qui annonçait :
« Terre de Zabulon et terre de Nephthali, sur le chemin de la mer, aux confins du Jourdain, Galilée des païens !
Le peuple assis dans les ténèbres vit une grande lumière, et pour ceux qui étaient assis dans ce pays et à l'ombre de la mort, une lumière s'est levée. »
(Matthieu 4.15-16) (Ésaïe 8.23 & Ésaïe 9.1)
Ésaïe a révélé dans le détail quelle serait la personnalité du Messie choisi par le Père :
« Voici Le serviteur que J'ai choisi, Mon bien-aimé en qui Mon âme se complait. Je mettrai Mon esprit sur Lui, et Il annoncera la justice aux nations.
Il ne se disputera ni ne criera, on n'entendra pas Sa voix sur les places.
Il ne brisera pas le roseau froissé, et n'éteindra pas la mèche vascillante, jusqu'à ce qu'Il ait conduit la justice à la victoire.
Et les nations espèreront en Son nom. »
(Matthieu 12.18-21) (Ésaïe 42.1 à 4)
Mais le prophète savait aussi à qui le Messie serait confronté car déjà, sept siècles auparavant, Ésaïe était confronté à cette triste réalité que le Seigneur dénonçait en ces termes :
« En vain, ils me vénèrent, les principes qu'ils enseignent ne sont que directives humaines. » (Matthieu 15.8-9 et Marc 7.7-8) (Ésaïe 29.13)
Quand Jésus exposa la parabole du semeur, Ses disciples Lui ont demandé la raison du recours aux paraboles.
Jésus leur a répondu de nouveau en citant Ésaïe :
« Ainsi s'accomplit pour eux la prophétie d'Ésaïe qui disait :
Vous aurez beau entendre, mais vous ne pourrez pas comprendre ; vous aurez beau regarder, mais vous ne pourrez pas voir.
Le cœur de ce peuple s'est endurci. Ils entendent avec difficulté, ils ont bouché leurs yeux, de peur de voir de leurs yeux, d'entendre avec leurs oreilles. Qu'ils comprennent avec leur cœur et se convertissent, et je les guérirai ! »
(Matthieu 13.14-15 - Marc 4.12 et Jean 12.40) (Ésaïe 6.9-10)
Et quand Il est entré dans le Temple, voyant que ce lieu était devenu un centre commercial, Jésus s'est indigné en rappelant cette parole d'Ésaïe :
« N’est-il pas écrit : "Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations ?" Mais vous, vous en avez fait une caverne de brigands. » (Matthieu 21.13 - Marc 11.17 - Luc 19.46) (Ésaïe 56.7)
Tout comme les anciens prophètes n'avaient pas été écoutés en leurs temps, Jésus ne fut pas reçu en Son temps, et cette parole d'Ésaïe s'applique aussi à Lui :
« Seigneur, qui a cru à notre prédication ? Et à qui le bras du Seigneur fut-il révélé ? » (Jean 12.38) (Ésaïe 53.1)
Et la vie de Jésus s'est achevée en conséquence, telle qu'elle était annoncée par le cinquième évangéliste :
« Il a été compté dans le nombre des malfaiteurs. » (Luc 22.37) (Ésaïe 53.12)
2.2. De multiples prophéties.
Ésaïe n'est pas le seul prophète de l'Ancien Testament à être cité et repris dans les Evangiles.
Nous trouvons ainsi en Michée 5.1 cette prophétie relative à la naissance du Messie :
« Aussi toi, Bethléem, terre de Judée, non la moindre, tu es parmi les principales de Juda ; en effet de toi sortira un guide qui fera paître mon peuple, Israël. » (Matthieu 2.6)
Suite au massacre des enfants par Hérode, Matthieu évoque cette parole que l'on trouve en Jérémie 31.15 :
« Une voix dans Rama a été entendue, des pleurs et de nombreuses plaintes ; Rachel pleure ses enfants, et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus. » (Matthieu 2.18)
Quand Jésus s'est attablé avec des collecteurs d'impôts et des pécheurs, en réponse à l'indignation des Pharisiens Jésus cita Osée 6.6 :
« Je veux la miséricorde et non le sacrifice. » (Matthieu 9.13)
Concernant Jean le baptiste, Jean dit au sujet de Jean qu'il était ce messager annoncé en Malachie 3.1 :
« Voici, J'envoie Mon messager avant Toi, il préparera Ton chemin devant Toi. » (Matthieu 11.10 et Luc 7.27)
Quand on reprocha à Jésus que Ses disciples arrachent des épis de blé pour se nourrir un jour de sabbat, Il leur répondit :
« N'avez-vous pas lu ce que fit David quand il eut faim avec les siens ? » (Matthieu 12.3 - Marc 2.25 - Luc 6.3)
Jésus a justifié l'attitude des disciples en se référant au prophète Samuel (1 Samuel 21.2-7).
Puis est venu le temps de monter à Jérusalem. Cela se déroula aussi conformément aux Ecritures (Zacharie 9.9) :
« Voici, ton roi vient à toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un ânon, le petit d'une bête de somme. » (Matthieu 21.5 et Jean 12.15)
Lorsque Jésus prononça Son discours eschatologique, Il commença par se référer à Daniel 11.31 :
« Lorsque vous verrez l'abomination de la désolation annoncée par Daniel le prophète installée dans le lieu saint ... » (Matthieu 24.15 et Marc 13.14)
Enfin, concernant la mort de Judas, Matthieu reprend une citation de Jérémie qui combine plusieurs versets dont un de Zacharie :
« Et ils prirent les trente pièces d'argent, le prix qu'ils L'avaient évalué, c'est ainsi que L'estimèrent les fils d’Israël.
Ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait prescrit. »
(Matthieu 27.9-10)
Après ce tour d'horizon des prophètes et prophéties mentionnés dans les Evangiles, n'en restons pas là !
2.3. Les Psaumes.
En effet, le Livre des Psaumes a aussi largement alimenté les Evangiles.
Jésus utilisait couramment des paraboles, et cette pratique était conforme à ce qui était écrit dans le Psaume 78.2 :
« J'ouvrirai ma bouche par des paraboles, je proférerai des choses cachées depuis la fondation du monde. » (Matthieu 13.35)
Quand Jésus s'est insurgé contre les vendeurs dans le Temple, beaucoup furent surpris.
Mais « Ses disciples se souvinrent qu’il avait été écrit :
Le zèle de ta maison me dévore. »
(Jean 2.17)
Cette citation extraite du Psaume 69.10 exprime l'intensité de la foi de Jésus.
Son comportement allait multiplier le nombre de Ses adversaires.
On peut d'ailleurs s'interroger sur le fait que Jésus ait repris les Psaumes 35.19 et 69.5 en disant :
« Ils m’ont haï sans raison. » (Jean 15.25)
Au regard de l'esprit du monde, ils avaient de multiples raisons de haïr Jésus ... mais au regard de l'Esprit de Dieu : aucune !
Quand Jésus leur exposa la parabole des vignerons, Il termina par cette citation issue du Psaume 118-22.23 :
« La pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue la pierre de l'angle ; elle vient du Seigneur et est admirable à nos yeux ! » (Matthieu 21.42 - Marc 12.10-11 - Luc 20.17)
Cette conclusion aurait pu rester une énigme si Jésus n'avait ajouté :
« Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera sera écrasé. » (Matthieu 21.44 - Luc 20.18)
Alors les scribes et les grands-prêtres ont compris qu'ils étaient visés et leur ressentiment s'en est accru.
Il arrivait aussi que les adversaires de Jésus restent muets, dans l'incapacité d'apporter une objection.
Ce fut le cas quand Il leur demanda d'expliquer le Psaume 110.1 :
« Comment donc David, par l’Esprit, l’appelle-t-il Seigneur quand il dit :
"Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que j'ai mis tes ennemis à tes pieds" ?
Si donc David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils ? »
(Matthieu 22.43-45 - Marc 12.35-37 - Luc 20.41-44)
A l'approche de la trahison de Judas, l'Evangile selon Jean a retenu cette phrase de Jésus inspirée du Psaume 41.10 :
« Celui qui a mangé le pain avec moi, a levé son talon contre moi. » (Jean 13.18)
Matthieu et Marc sont moins précis en relatant simplement sur ce point :
« Le Fils de l'homme s'en va comme cela fut écrit à son sujet. » (Matthieu 26.24 et Marc 14.21)
Puis, Jésus et Ses disciples se sont retirés sur le mont des Oliviers « après avoir chanté des psaumes ... » (Matthieu 26.30 et Marc 14.26)
Jésus ayant été crucifié, nous voyons les soldats mettre en application ce qui était annoncé au Psaume 22.19 :
« Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma tunique. » (Jean 19.24)
Et c'est en conformité avec le Psaume 22.16 que Jésus dit sur la croix :
« J’ai soif. » (Jean 19.28)
Dans le Psaume 16.10, David s'adressait au Seigneur en ces termes :
« Car tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts, Tu ne permettras pas que ton bien-aimé voie la corruption. »
Cette profession de foi relative à la résurrection des morts, Jésus va l'accomplir contre toute attente :
« Car ils n'avaient pas encore compris l'Ecriture selon laquelle il fallait qu'Il se relève d'entre les morts. » (Jean 20.9)
Ainsi, depuis la Genèse jusqu'aux Psaumes en passant par les prophètes, l'accomplissement du Plan de Dieu pour le salut de l'humanité s'est concrétisé.
2.4. Accomplissement des Ecritures.
Dans l'Evangile selon Luc, nous relevons cette phrase : « toutes choses ayant été écrites. » (Luc 21.22)
Le fait d'extraire un passage d'un ensemble plus large pour le sortir de son contexte peut être une source d'erreur quant à son interprétation s'il n'est pas vérifié par ailleurs.
Nous devons donc nous y employer.
C'est ainsi dans cette logique d'accomplissement des Ecritures que Jean précise en référence à Zacharie 12.10 :
« Par ailleurs l’Ecriture dit encore :
Ils verront celui qu'ils ont transpercé. »
(Jean 19.37)
Nous trouvons chez Luc une approche généraliste quand Jésus dit :
« Il faut que tout ce qui a été écrit dans la loi de Moïse, les prophètes et les Psaumes à mon sujet s'accomplisse. » (Luc 24.44)
Mais cette parole est aussitôt suivie d'un enseignement plus précis quand Jésus se réfère à Osée 6.2 et Ésaïe 53 :
« Voici ce qui a été écrit :
Le Christ souffrira et ressuscitera d'entre les morts le troisième jour. »
(Luc 24.44)
Marc 14.49 nous dit : « Ainsi s'accomplissent les Ecritures. »
Et Matthieu 26.56 nous le confirme :
« Tout ceci s'est produit afin que les Ecritures des prophètes soient accomplies. »
Sommes-nous maintenant convaincus que « toutes choses ont été écrites » ?
Mais si nous n'en sommes pas encore convaincus, nous pouvons prier le Seigneur afin qu'Il nous éclaire comme les disciples sur le chemin d'Emmaüs ...
« Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, Il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui Le concernait. » (Luc 24.27)
... ce qui suppose d'ouvrir notre Bible et de nous plonger avec assiduité dans la lecture de l'Ancien Testament !
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Texte mis à jour le 22/11/2023
« Livre de la genèse de Jésus Christ fils de David, fils d'Abraham. » (Matthieu 1.1)
Nous pouvons lire ensuite l'énumération de 42 générations depuis Abraham jusqu'à Jésus, en passant par David.
Chez Luc, la généalogie de Jésus est différente :
« Jésus avait environ trente ans au commencement. Il était fils, croyait-on, de Joseph, fils d'Héli. » (Luc 3.23)
Matthieu était juif, et on considère qu'il s'adresse en priorité à des Juifs.
De ce fait il est fondamental qu'il se soit efforcé de rattacher sa généalogie à l'Ancien Testament en partant d'Abraham, père de la circoncision, et en passant par David.
Luc, par contre tient un tout autre discours. Il considère que les généalogies relèvent de croyances qui n'ont rien de vérités absolues : « Il était fils, croyait-on, de Joseph, fils d'Héli. »
Luc a suivi Paul dans sa mission apostolique, et Paul a notamment recommandé :
« Evite les recherches insensées sur les généalogies, les polémiques et controverses relatives à la loi, car elles sont inutiles et vaines. » (Tite 3.9)
De plus, Luc ne considère pas Jésus seulement comme un Juif descendant d'Abraham, mais comme un homme émanant de Dieu, dans le prolongement de la Création :
« ... Fils d'Enos, par Seth, par Adam, par Dieu. » (Luc 3.38)
Luc vise l'ensemble de l'humanité, et le fait que l'on compte 77 générations dans sa généalogie est hautement symbolique car le 7 est le chiffre de la Création.
1.2. La vie au temps de Jésus.
L'héritage du judaïsme imprégnait profondément la société juive et les contemporains de Jésus vivaient au rythme des traditions ancestrales.
Ils se considéraient comme descendants d'Abraham et Jésus ne les a pas contredits sur ce point ...
« Je sais que vous êtes les descendants d'Abraham ... » (Jean 8.37)
Abraham étant considéré comme juste, les Juifs pensaient le rejoindre après leur mort comme nous l'indique la parabole du riche et du pauvre Lazare :
« Le pauvre finit par mourir et fut emporté par les anges auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi et fut mis au tombeau. » (Luc 16.22)
Le lieu de repos des justes s'appelait "le sein d'Abraham" alors que le Shéol attendait les autres.
Mais Jésus a élargi cette conception quand il se rendit chez Zachée ... un pécheur selon les Juifs !
« Aujourd'hui, le salut est venu sur cette maison, parce que lui aussi est un fils d'Abraham. » (Luc 19.9)
Attachés aux traditions, ils avaient identifié des lieux comme étant ceux dont on parle dans les textes anciens :
« Il arriva ainsi dans une ville de Samarie, nommée Sychar, près du terrain que Jacob donna à son fils Joseph.
Là se trouvait le puits de Jacob. »
Ce passage fait référence au Livre de la Genèse (versets 33.19 & 48.22).
Ils respectaient les coutumes, comme la fête des Tentes :
« La fête des Juifs, la fête des Tentes, était proche. » (Jean 7.2)
Jésus respectait ce rythme de vie puisqu'Il s'est rendu à cette fête.
Et quand Il nous parle du pain de vie, Ses interlocuteurs se réfèrent à la manne qui tombait du ciel dans le désert ...
« Nos pères ont mangé la manne dans le désert ainsi qu'il est écrit :
Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
Cet évènement est relaté en Exode 16.15 et Esaïe 54.13.
Car s'ils se considéraient comme descendants d'Abraham, ils étaient surtout disciples de Moïse :
« Mais nous, nous sommes disciples de Moïse. » (Jean 9.28)
Ils croyaient à la venue d'un Messie et se référaient aux Ecritures pour s'opposer à Jésus qui venait de Galilée :
« L’Ecriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David, et de Bethléhem, village de David, que le Christ doit venir ? » (Jean 7.42)
Quoi qu'il en soit, comme le professe Zacharie dans son cantique, ils croyaient à l'accomplissement des prophéties :
« Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, parce qu'Il a visité et racheté Son peuple.
Il nous a suscité une force de salut, dans la maison de David, Son serviteur.
C'est ce qu'Il annonça depuis toujours par la bouche des saints, Ses prophètes. »
Ces prophéties, et les autres textes de l'Ancien Testament, formaient le cadre historique de référence sur lequel Jésus s'appuie dans Ses prédications :
« En effet, de même que Jonas passa trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson, le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre.
Les hommes de Ninive se lèveront pour le jugement avec cette génération et la condamneront parce qu'ils se sont convertis lors de la proclamation de Jonas, or il y a ici plus que Jonas.
La reine du Midi se lèvera lors du jugement avec cette génération et elle la condamnera car elle est venue des confins de la terre écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon. »
Cependant, bien qu'ils prétendent aligner leur vies sur les prescriptions de l'Ancien Testament, le comportement hypocrite des dirigeants religieux a conduit Jésus à les dénoncer notamment en Matthieu 23.13-36 et Luc 11.42-54.
1.3. La Torah.
La Torah, ou Pentateuque, comprenant les cinq premiers livres de l'Ancien Testament, forme le socle du judaïsme.
Les Evangiles évoquent des passages, ou citent des versets, que l'on retrouve dans ces cinq livres.
Ainsi, quand des Pharisiens sont venus voir Jésus à propos du divorce en se référant à la loi de Moïse (Deutéronome 24.1-3), Jésus leur a répondu ...
« Ne savez-vous pas que le créateur à l'origine les fit mâle et femelle.
C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux ne seront qu'une seule chair. »
... Il citait à la fois Genèse 1.27 et Genèse 2.24.
Par la suite, Jésus a mis en garde Ses contemporains en évoquant un célèbre passage de la Genèse : le Déluge !
« En effet, l’avènement du Fils de l’homme rappellera les temps de Noé.
Car aux jours qui précédèrent le déluge, on se régalait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. »
Puis Jésus passe à un autre épisode de la Genèse :
« Il se produisit de même au temps de Lot. On mangeait, on buvait, on achetait et vendait, on plantait et on bâtissait.
Le jour où Lot sortit de Sodome, une pluie de feu et de soufre venue du ciel les fit tous périr. »
Lorsqu'il y eut une discussion sur la question de la résurrection, Jésus s'est référé à un autre passage de la Torah : Exode 3.6.
« Concernant la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit :
"Moi, Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob" ? Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ! »
Dans l'Evangile selon Jean, nous trouvons un commentaire qui associe le sacrifice de Jésus à celui de la Pâque :
« Ces choses sont arrivées afin que l’Ecriture soit accomplie :
Aucun de ses os ne sera brisé. »
Le rituel de la Pâque est mentionné en des termes similaires à la fois en Exode 12.46 et Nombres 9.12.
Confronté aux scribes et Pharisiens qui reprochaient à Jésus le fait que Ses disciples ne respectent pas certaines traditions du judaïsme, Jésus leur a opposé les principes mêmes de la Torah que l'on trouve en Exode 20.12, Exode 21.17 et Deutéronome 5.16 :
« Pourquoi vous aussi transgressez-vous le commandement de Dieu à cause de votre tradition ?
Car Dieu a dit : "Honore ton père et ta mère et : "Que meure celui qui maudit père ou mère". »
Très attaché aux commandements fondamentaux, Jésus a aussi rappelé celui-ci avant de le commenter :
« Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : "Tu ne tueras point". Celui qui tue sera passible du tribunal. » (Matthieu 5.21)
Il citait ainsi Exode 20.13 et Deutéronome 5.17 et Il va ensuite citer Exode 20.14 et Deutéronome 5.18 :
« Vous avez entendu qu’il a été dit : "Tu ne commettras pas d’adultère". » (Matthieu 5.27)
Jésus ne s'est pas limité aux trois premiers livres de la Torah, Il connaissait aussi le Lévitique avec ce célèbre commandement :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Matthieu 22.39 - Marc 12.31 - Luc 10.27) & (Lévitique 19.18)
Et lorsque Jésus dit :
« Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l'homme soit élevé. » (Jean 3.14)
... Il se réfère à cet épisode où les Hébreux furent assaillis par les serpents dans le désert. Le Seigneur dit alors à Moïse :
« Fais faire un serpent brûlant et fixe-le à une hampe : quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. » (Nombres 21.8)
Jésus connaissait la Torah comme l'ensemble des saintes Ecritures, et cela Lui permettra d'affronter brillamment le diable dans une joute verbale où Il citera successivement Deutéronome 8.3, Deutéronome 6.16 et enfin Deutéronome 6.13-14 :
« Il a été écrit : "L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu.
Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu.
Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et à Lui seul tu rendras un culte. »
(Matthieu 4.1-10 et Luc 4.4-12)
1.4. L'Ancient Testament témoigne de Jésus.
De nombreux passages de l'Ancien Testament ont été analysés par les Pères de l'Eglise et mis en rapport avec l'incarnation du Messie.
Et les Evangiles attestent pour leur part que les textes de l'Ancien Testament témoignent de Jésus notamment quand Il dit à Ses détracteurs :
« Vous sondez les Ecritures, parce que vous pensez avoir la vie éternelle par elles. Ce sont elles qui rendent témoignage de moi. » (Jean 5.39)
Ceux-ci ne croyaient pas qu'il en soit ainsi, et même Ses disciples n'avaient pas conscience que les Ecritures avaient révélé ce qui allait se passer.
Aussi dit-Il aux Douze :
« Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes à propos du Fils de l’homme s’accomplira.
Car il sera livré aux païens et sera ridiculisé, insulté et couvert de crachats.
Et, après l’avoir flagellé, ils le mettront à mort. Puis, au troisième jour, il se relèvera.
Mais eux ne comprirent rien à cela car cette parole leur demeurait cachée et ils ne savaient pas de quoi il s'agissait. »
Les textes anciens portent témoignage de la vie de Jésus du début jusqu'à la fin, incluant même la trahison de Judas :
« Quand j'étais parmi eux, je les gardais en Ton nom que Tu m'as donné. J'ai veillé, et aucun d'entre eux ne fut perdu sauf le fils de la perdition, afin que l'Ecriture soit accomplie. » (Jean 17-12)
2. Prophètes et prophéties.
2.1. Ésaïe, le cinquième évangéliste.
C'est à la fois par la précision de ses prophéties relatives à la venue du Messie et par le nombre de références à Ésaïe dans les Evangiles que ce prophète mérite le qualificatif de "cinquième évangéliste".
Ésaïe a d'abord annoncé dans quelles conditions Jésus allait s'incarner :
« Voici la vierge aura un fils dans son ventre et enfantera, et ils l'appelleront du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous. » (Matthieu 1.23) (Ésaïe 7.14 & 8.8-10)
Ésaïe a ensuite prophétisé que Jésus, né à Bethléem, passerait Sa jeunesse en Galilée :
« Il vint habiter dans la ville appelée Nazaret, pour que soit accompli ce que les prophètes ont dit :
Il sera appelé Nazôréen. »
C'est encore Ésaïe qui a prophétisé la venue préalable de Jean le baptiste au sujet duquel il est écrit :
« Une voix proclame dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez ses sentiers droits. » (Matthieu 3.3 - Marc 1.2-3 - Luc 3.4-6 - Jean 1.23) (Ésaïe 40.3)
En retour, il était logique que Jésus se réfère à Ésaïe en lisant ce texte dans la synagogue de Nazareth :
« L'Esprit du Seigneur est sur moi, car Il m'a donné l'onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé proclamer la libération aux captifs, le retour à la vue aux aveugles et rendre la liberté aux opprimés.
Pour proclamer une année de bienveillance du Seigneur. »
Jésus a quitté Nazareth pour habiter à Capharnaüm, dans les territoires de Zabulon et de Nephthali, conformément aux paroles d'Ésaïe qui annonçait :
« Terre de Zabulon et terre de Nephthali, sur le chemin de la mer, aux confins du Jourdain, Galilée des païens !
Le peuple assis dans les ténèbres vit une grande lumière, et pour ceux qui étaient assis dans ce pays et à l'ombre de la mort, une lumière s'est levée. »
Ésaïe a révélé dans le détail quelle serait la personnalité du Messie choisi par le Père :
« Voici Le serviteur que J'ai choisi, Mon bien-aimé en qui Mon âme se complait. Je mettrai Mon esprit sur Lui, et Il annoncera la justice aux nations.
Il ne se disputera ni ne criera, on n'entendra pas Sa voix sur les places.
Il ne brisera pas le roseau froissé, et n'éteindra pas la mèche vascillante, jusqu'à ce qu'Il ait conduit la justice à la victoire.
Et les nations espèreront en Son nom. »
Mais le prophète savait aussi à qui le Messie serait confronté car déjà, sept siècles auparavant, Ésaïe était confronté à cette triste réalité que le Seigneur dénonçait en ces termes :
« En vain, ils me vénèrent, les principes qu'ils enseignent ne sont que directives humaines. » (Matthieu 15.8-9 et Marc 7.7-8) (Ésaïe 29.13)
Quand Jésus exposa la parabole du semeur, Ses disciples Lui ont demandé la raison du recours aux paraboles.
Jésus leur a répondu de nouveau en citant Ésaïe :
« Ainsi s'accomplit pour eux la prophétie d'Ésaïe qui disait :
Vous aurez beau entendre, mais vous ne pourrez pas comprendre ; vous aurez beau regarder, mais vous ne pourrez pas voir.
Le cœur de ce peuple s'est endurci. Ils entendent avec difficulté, ils ont bouché leurs yeux, de peur de voir de leurs yeux, d'entendre avec leurs oreilles. Qu'ils comprennent avec leur cœur et se convertissent, et je les guérirai ! »
Et quand Il est entré dans le Temple, voyant que ce lieu était devenu un centre commercial, Jésus s'est indigné en rappelant cette parole d'Ésaïe :
« N’est-il pas écrit : "Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations ?" Mais vous, vous en avez fait une caverne de brigands. » (Matthieu 21.13 - Marc 11.17 - Luc 19.46) (Ésaïe 56.7)
Tout comme les anciens prophètes n'avaient pas été écoutés en leurs temps, Jésus ne fut pas reçu en Son temps, et cette parole d'Ésaïe s'applique aussi à Lui :
« Seigneur, qui a cru à notre prédication ? Et à qui le bras du Seigneur fut-il révélé ? » (Jean 12.38) (Ésaïe 53.1)
Et la vie de Jésus s'est achevée en conséquence, telle qu'elle était annoncée par le cinquième évangéliste :
« Il a été compté dans le nombre des malfaiteurs. » (Luc 22.37) (Ésaïe 53.12)
2.2. De multiples prophéties.
Ésaïe n'est pas le seul prophète de l'Ancien Testament à être cité et repris dans les Evangiles.
Nous trouvons ainsi en Michée 5.1 cette prophétie relative à la naissance du Messie :
« Aussi toi, Bethléem, terre de Judée, non la moindre, tu es parmi les principales de Juda ; en effet de toi sortira un guide qui fera paître mon peuple, Israël. » (Matthieu 2.6)
Suite au massacre des enfants par Hérode, Matthieu évoque cette parole que l'on trouve en Jérémie 31.15 :
« Une voix dans Rama a été entendue, des pleurs et de nombreuses plaintes ; Rachel pleure ses enfants, et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus. » (Matthieu 2.18)
Quand Jésus s'est attablé avec des collecteurs d'impôts et des pécheurs, en réponse à l'indignation des Pharisiens Jésus cita Osée 6.6 :
« Je veux la miséricorde et non le sacrifice. » (Matthieu 9.13)
Concernant Jean le baptiste, Jean dit au sujet de Jean qu'il était ce messager annoncé en Malachie 3.1 :
« Voici, J'envoie Mon messager avant Toi, il préparera Ton chemin devant Toi. » (Matthieu 11.10 et Luc 7.27)
Quand on reprocha à Jésus que Ses disciples arrachent des épis de blé pour se nourrir un jour de sabbat, Il leur répondit :
« N'avez-vous pas lu ce que fit David quand il eut faim avec les siens ? » (Matthieu 12.3 - Marc 2.25 - Luc 6.3)
Jésus a justifié l'attitude des disciples en se référant au prophète Samuel (1 Samuel 21.2-7).
Puis est venu le temps de monter à Jérusalem. Cela se déroula aussi conformément aux Ecritures (Zacharie 9.9) :
« Voici, ton roi vient à toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un ânon, le petit d'une bête de somme. » (Matthieu 21.5 et Jean 12.15)
Lorsque Jésus prononça Son discours eschatologique, Il commença par se référer à Daniel 11.31 :
« Lorsque vous verrez l'abomination de la désolation annoncée par Daniel le prophète installée dans le lieu saint ... » (Matthieu 24.15 et Marc 13.14)
Enfin, concernant la mort de Judas, Matthieu reprend une citation de Jérémie qui combine plusieurs versets dont un de Zacharie :
« Et ils prirent les trente pièces d'argent, le prix qu'ils L'avaient évalué, c'est ainsi que L'estimèrent les fils d’Israël.
Ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait prescrit. »
Après ce tour d'horizon des prophètes et prophéties mentionnés dans les Evangiles, n'en restons pas là !
2.3. Les Psaumes.
En effet, le Livre des Psaumes a aussi largement alimenté les Evangiles.
Jésus utilisait couramment des paraboles, et cette pratique était conforme à ce qui était écrit dans le Psaume 78.2 :
« J'ouvrirai ma bouche par des paraboles, je proférerai des choses cachées depuis la fondation du monde. » (Matthieu 13.35)
Quand Jésus s'est insurgé contre les vendeurs dans le Temple, beaucoup furent surpris.
Mais « Ses disciples se souvinrent qu’il avait été écrit :
Le zèle de ta maison me dévore. »
Cette citation extraite du Psaume 69.10 exprime l'intensité de la foi de Jésus.
Son comportement allait multiplier le nombre de Ses adversaires.
On peut d'ailleurs s'interroger sur le fait que Jésus ait repris les Psaumes 35.19 et 69.5 en disant :
« Ils m’ont haï sans raison. » (Jean 15.25)
Au regard de l'esprit du monde, ils avaient de multiples raisons de haïr Jésus ... mais au regard de l'Esprit de Dieu : aucune !
Quand Jésus leur exposa la parabole des vignerons, Il termina par cette citation issue du Psaume 118-22.23 :
« La pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue la pierre de l'angle ; elle vient du Seigneur et est admirable à nos yeux ! » (Matthieu 21.42 - Marc 12.10-11 - Luc 20.17)
Cette conclusion aurait pu rester une énigme si Jésus n'avait ajouté :
« Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera sera écrasé. » (Matthieu 21.44 - Luc 20.18)
Alors les scribes et les grands-prêtres ont compris qu'ils étaient visés et leur ressentiment s'en est accru.
Il arrivait aussi que les adversaires de Jésus restent muets, dans l'incapacité d'apporter une objection.
Ce fut le cas quand Il leur demanda d'expliquer le Psaume 110.1 :
« Comment donc David, par l’Esprit, l’appelle-t-il Seigneur quand il dit :
"Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que j'ai mis tes ennemis à tes pieds" ?
Si donc David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils ? »
A l'approche de la trahison de Judas, l'Evangile selon Jean a retenu cette phrase de Jésus inspirée du Psaume 41.10 :
« Celui qui a mangé le pain avec moi, a levé son talon contre moi. » (Jean 13.18)
Matthieu et Marc sont moins précis en relatant simplement sur ce point :
« Le Fils de l'homme s'en va comme cela fut écrit à son sujet. » (Matthieu 26.24 et Marc 14.21)
Puis, Jésus et Ses disciples se sont retirés sur le mont des Oliviers « après avoir chanté des psaumes ... » (Matthieu 26.30 et Marc 14.26)
Jésus ayant été crucifié, nous voyons les soldats mettre en application ce qui était annoncé au Psaume 22.19 :
« Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma tunique. » (Jean 19.24)
Et c'est en conformité avec le Psaume 22.16 que Jésus dit sur la croix :
« J’ai soif. » (Jean 19.28)
Dans le Psaume 16.10, David s'adressait au Seigneur en ces termes :
« Car tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts, Tu ne permettras pas que ton bien-aimé voie la corruption. »
Cette profession de foi relative à la résurrection des morts, Jésus va l'accomplir contre toute attente :
« Car ils n'avaient pas encore compris l'Ecriture selon laquelle il fallait qu'Il se relève d'entre les morts. » (Jean 20.9)
Ainsi, depuis la Genèse jusqu'aux Psaumes en passant par les prophètes, l'accomplissement du Plan de Dieu pour le salut de l'humanité s'est concrétisé.
2.4. Accomplissement des Ecritures.
Dans l'Evangile selon Luc, nous relevons cette phrase : « toutes choses ayant été écrites. » (Luc 21.22)
Le fait d'extraire un passage d'un ensemble plus large pour le sortir de son contexte peut être une source d'erreur quant à son interprétation s'il n'est pas vérifié par ailleurs.
Nous devons donc nous y employer.
C'est ainsi dans cette logique d'accomplissement des Ecritures que Jean précise en référence à Zacharie 12.10 :
« Par ailleurs l’Ecriture dit encore :
Ils verront celui qu'ils ont transpercé. »
Nous trouvons chez Luc une approche généraliste quand Jésus dit :
« Il faut que tout ce qui a été écrit dans la loi de Moïse, les prophètes et les Psaumes à mon sujet s'accomplisse. » (Luc 24.44)
Mais cette parole est aussitôt suivie d'un enseignement plus précis quand Jésus se réfère à Osée 6.2 et Ésaïe 53 :
« Voici ce qui a été écrit :
Le Christ souffrira et ressuscitera d'entre les morts le troisième jour. »
Marc 14.49 nous dit : « Ainsi s'accomplissent les Ecritures. »
Et Matthieu 26.56 nous le confirme :
« Tout ceci s'est produit afin que les Ecritures des prophètes soient accomplies. »
Sommes-nous maintenant convaincus que « toutes choses ont été écrites » ?
Mais si nous n'en sommes pas encore convaincus, nous pouvons prier le Seigneur afin qu'Il nous éclaire comme les disciples sur le chemin d'Emmaüs ...
« Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, Il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui Le concernait. » (Luc 24.27)
... ce qui suppose d'ouvrir notre Bible et de nous plonger avec assiduité dans la lecture de l'Ancien Testament !